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vendredi 10 avril 2015

Why bother - Pourquoi s'embêter ?


Pourquoi choisir compliqué, si on peut faire simple ?

La première école Waldorf Steiner a été créée à l'instigation de M Emil Molt, dirigeant de la fabrique de cigarettes Waldorf Astoria…... D'où le nom Waldorf ! Imaginons l’effet que produirait aujourd'hui une école baptisée ‘Philippe Morris ou ‘R.J Reynolds’. Les temps et les mœurs changent…
So, le nom Waldorf a pris une tout autre signification désormais. On a hélas oublié aussi M. Emil Molt sans lequel les écoles Waldorf Steiner n’auraient probablement jamais vu le jour.

Pourquoi se limiter au latin et au grec quand le monde entier nous offre des trésors linguistiques ?

A cette époque lointaine, de 1919 au lendemain de la dévastation de la première guerre mondiale, avec cette peur immense d’attraper la grippe espagnole, Rudolf Steiner a compris l’importance de parler au moins une langue étrangère, sinon plusieurs. Voilà pourquoi on a donné une telle importance aux langues étrangères, dont le latin et le grec, dans le premier cursus de l’école Waldorf.
Visionnaire, Rudolf Steiner savait qu’avec le temps, le monde deviendrait un village planétaire, que le premier pas vers une entente entre les peuples passerait par la vraie connaissance de l’autre, qu’une telle connaissance passerait pas la langue et le langage, ainsi que tout ce que chaque mot, verbe et son contenait comme information sur la personnalité profonde de chaque être humain.

Pourquoi choisir de construire en béton plutôt qu'en bois ?

Très contemporain et sensible à la modernité de son époque, Rudolf Steiner demandait aux spécialistes de « porter la langue » et de vivre avec leur époque, de se tourner vers l'avenir. Lui même montrait l'exemple : à la suite de l’incendie de son chef-d’œuvre, le Goetheanum, il entreprit de le reconstruire en béton , matériau certes moins sympathique mais plus résistant que le bois : le pragmatisme d’abord !
R. Steiner se montrait extrêmement sensible à cette dissidence qui peut exister entre deux peuples. En entrant dans le physique de leur langue, dans leur mental et surtout dans leur émotionnel, il savait intuitivement qu’il serait possible de pouvoir se comprendre, s’entendre et s’apprécier.
En revanche,un tel cadre de langue étrangère ne peut exister que dans une approche éducative qui cherche à rendre l’enfant libre dans le sens le plus large – libre de faire ses propres choix, d’assumer ses propres responsabilités, libre de vivre la vie qu’il a librement choisie en assumant, bien sûr, les conséquences.
Parler d’autres langues nous permet d’agrandir notre liberté qui est limitée par la connaissance d’une seule langue.

Pourquoi ne pas en faire un livre … ?


Le professeur de langue, dans un tel processus éducatif, joue un rôle essentiel. En plus de son savoir-faire linguistique, son savoir « être » va jouer un rôle déterminant comme porteur de tout ce qui est invisible : la culture, l’histoire, le mental et tout ce que le peuple ressent et voit, et ce à travers sa présence, sa voix, son énergie et tout ce qui dégage de lui spirituellement.
Le Vademecum est conçu, comme indique son nom, comme accompagnateur du professeur de langue. Il ne s’agit ni d’une méthode, ni d’une approche pédagogique, mais d’un guide et d’un soutien. Pour certains professeurs, ce sera peut-être, nous l'espérons du moins, une inspiration pour dépasser le stade de simple « messager du code linguistique » et devenir la langue, dans toute son humanité.
D.M.

vendredi 3 avril 2015

Introduction au mémoire "Langue et Musique" - 2014

Je partage l'introduction au mémoire que j'ai écrit l'année dernière à la fin d'une formation triennale à la pédagogie Waldorf. Bonne lecture! 

Langue et Musique


Depuis plusieurs années, j’essaie d’approcher le lien subtil qui existe entre la musique et les langues, étant proche moi-même des deux domaines : comment le monde des sons unifie-t-il l’une et les autres? Aussi, une question m’habite depuis le début de ma pratique d’enseignement de l’anglais dans une école Waldorf : 

pourquoi enseigne-t-on l’anglais aujourd’hui et qu’est-ce que cela implique dans l’épanouissement des enfants de notre époque? 

Le choix du thème de ce mémoire a pour but de tisser un fil entre le premier et le deuxième de ces questionnements.

Dans la première partie, j’observe d’abord la voix humaine dans son expression parlée, en faisant le lien avec une dimension intime de l’être humain ; ensuite, je décris une expérience d’étude de cette même voix dans son expression chantée, en lien avec le monde de la musique; in fine, je montre comment cette dimension sonore peut participer à l’apprentissage d’une langue étrangère pour les élèves du cycle primaire.

C’est dans la deuxième partie que j’introduis la réflexion sur la langue anglaise, dans sa nature actuelle de langue véhiculaire mondiale.  

A notre époque contemporaine, l’anglais peut montrer une double facette : d’une part, il apparaît comme la langue uniformisatrice qui risque de s’imposer sur les autres; d’autre part, c’est une langue qui, par son origine et par son usage actuel, se veut universelle, et révèle donc un aspect fédérateur et traditionnel.


La troisième partie veut donner une image du plurilinguisme qui émerge de l’ouverture linguistique actuelle ; il offre une possible lecture de l’écho que cela peut avoir en l’homme de notre époque, si l’on garde une vision universaliste, plutôt que uniformisatrice. En ce sens, je termine par la présentation de quelques activités expérimentées avec les élèves de la première à la cinquième classe, en reprenant l’outil musical introduit au début, qui participe à créer l’humeur universelle citée ci-dessus.


La pérégrination entre ces trois domaines d’exploration veut aboutir à la présentation d’une possible méthode d’enseignement des langues qui respecte l’être humain dans sa nature propre et, dans la mesure du possible, en perspective de son évolution.

Sara Spigarelli